Si ces géants de pierre sont les gardiens de la mer, ils renferment aussi des secrets d’architecture et de légende. Ces tours d’un autre temps, souvent situées sur des pointes battues par les vents, témoignent du rapport tumultueux de la Bretagne avec son océan, à la fois allié et ennemi. D’une architecture fonctionnelle mariée à la beauté, ces phares uniques attirent chaque année des milliers de curieux désireux de découvrir leur histoire.
Un phare un peu comme les autres ?
Sentinelles de l’Atlantique, les phares bretons se distinguent par une architecture à la fois solide et élégante. Conçus pour résister au souffle des tempêtes et aux colères océaniques, ils sont généralement construits en granit, pierre locale reconnue pour sa résistance. Leurs tours élancées peuvent parfois être rehaussées de bandes colorées permettant aux marins qui naviguent par mauvais temps de localiser rapidement les côtes. Certaines alignements de phares bretons, comme celui de la Jument sur le site scénique d’Ouessant, indiquent des passages navigables par les bateaux créant ainsi une véritable danse lumineuse.
Certains phares comme celui emblématique de Saint-Mathieu côtoient ainsi dans un impressionnant panorama sur l’océan d’anciens monastères ou forteresses bâties pour dominer l’horizon maritime. Le célèbre phare de Ploumanac’h ne dépareille pas non plus dans le paysage rose des paysages côtiers de granit. Les escaliers hélicoïdaux qui mènent au sommet des phares aboutissent le plus souvent à une lanterne balustrée en fer forgé où il fait bon profiter du fracas des vagues contre les rochers dans un océan calme et apaisé ou déchaîné.
Si la technologie moderne a progressivement remplacé les systèmes d’origines encore manuels certains phares comme l’emblématique phare de l’île Vierge ont conservés leurs précieux mécanismes avec leur lentille Fresnel d’origine. Qu’ils soient installés dans un cadre maritime battu par les vents ou abrités des tempêtes ces monuments marins offrent une beauté intemporelle qui ne laisse personne indifférent. La diversité architecturale et technique des phares bretons sont le reflet à travers les âges non seulement des techniques utilisées pour les construire mais aussi des besoins spécifiques du site dans lequel ils ont été édifiés.
Les légendes et les histoires qui entourent les phares
Si les phares bretons sont des ouvrages d’art impressionnants, ils sont également le témoin de récits passionnants et de légendes navales. Beaucoup d’entre eux sont en effet liés à des histoires de naufrages, de sauvetages d’urgence ou de trésors perdus au fond des mers… Le phare de Tévennec, par exemple, est célèbre pour être un phare hanté. Les anciens gardiens du phare rapportaient avoir entendu des bruits étranges ou vécu des phénomènes inexpliqués. Cette réputation mystérieuse a autant d’adeptes que d’ennemis, ajoutant une dimension spirituelle à ces édifices isolés.
Les légendes populaires narrent aussi les histoires de marins perdus en mer, guidés par des lumières spectrales vers le port de leur salut. Ces contes fantastiques, transmis oralement au cours des siècles, ont nourri l’imaginaire collectif et renforcé l’attachement viscéral entre les Bretons et leurs phares. Parmi les plus célèbres :
- Le phare de la Jument, dont la lumière était surnommée la « lumière du phare pour les marins égarés » ;
- Le phare d’Ar-Men, surnommé “l’Enfer des Enfers”, est l’un des plus connus pour ses conditions d’accès dangereuses et à cause des nombreuses anecdotes contées par ses gardiens qui étaient aux prises dans leur quotidien avec l’isolement et la violence déchaînée des éléments naturels… ;
- Le phare de Kermorvan, site associé à plusieurs tragiques naufrages maritimes, aurait inspiré plusieurs ballades bretonnes ;
- Le célèbre phare de Penmarc’h serait connu pour ses nombreuses légendes retracant le chant enchanteur des sirènes attirant vers leur perte tous les marins qui se laisseraient séduire… ;
Même si les récits fantastiques sont souvent les plus connus, il ne faut pas oublier que beaucoup de phares bretons ont été acteurs importants dans l’histoire maritime de la Bretagne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains ont joué un rôle stratégique pour la résistance française en servant de repères ou relais pour les transmissions secrètes aux alliés. Ces pages oubliées dans nos livres d’histoires ajoutent une belle profondeur à la visite de ces monuments majestueux.
Comment accéder aux phares en Bretagne et les visiter ?
Visiter les phares bretons est une expérience inoubliable, alliant histoire, nature et architecture. De nombreux phares sont ouverts aux visites, permettant au public de gravir leurs escaliers étroits jusqu’à des vues imprenables sur l’océan. Avec ses 365 marches menant jusqu’à la lanterne, le phare de l’île Vierge – le plus haut phare d’Europe – propose une ascension récompensée par un panorama exceptionnel.
La visite de certains phares, plus isolés, nécessite toutefois une petite organisation préalable. C’est le cas du phare de Kéréon situé sur un îlot : son accès se fait uniquement par bateau et sa visite est soumise aux aléas météorologiques. Les offices du tourisme des environs organisent souvent des excursions à la journée qui allient découverte maritime et exploration culturelle. Les randonneurs auront également la possibilité de longer de nombreux phares sur le sentier des douaniers (GR34), offrant une perspective unique sur ces monuments emblématiques de la côte bretonne.
Pour compléter les visites, les musées des phares et balises de Bretagne sont tout indiqués. Grâce à leurs expositions permanentes ou temporaires dédiées aux phares, à leur histoire, leur technologie ou encore leur rôle dans la sécurité maritime, ces visites interactives animées par d’anciens gardiens de phare ou des passionnés permettent d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne des gardiens de phare et l’évolution technologique des phares à travers l’histoire. En résumé, le patrimoine exceptionnel des phares bretons est accessible à tous ceux qui souhaitent plonger dans l’âme maritime bretonne.